
Contrairement à la croyance populaire, poursuivre une municipalité au Québec après une chute n’est pas une cause perdue d’avance ; c’est un combat stratégique qui se gagne en démantelant la présomption de bonne foi de la ville.
- Le respect d’un avis écrit de 15 jours n’est pas une formalité, mais un piège procédural que vous devez maîtriser.
- La clé n’est pas de prouver que le trottoir était imparfait, mais que la ville a commis une négligence caractérisée dans son entretien.
Recommandation : Documentez immédiatement la scène de l’accident comme une scène de crime et envoyez un avis de réclamation blindé pour préserver vos droits.
La scène est tristement banale au Québec. Vous marchez, et soudain, une fissure non signalée, une plaque de glace sournoise ou un dénivelé anormal vous envoie au sol. La douleur est vive, les conséquences peuvent être graves : fracture, entorse, commotion cérébrale, sans parler des vêtements abîmés et des jours de travail perdus. Le premier réflexe est souvent de maudire l’hiver ou la malchance. On vous dira peut-être que “c’est comme ça au Québec” et que “la ville ne peut pas tout déglacer en même temps”. Ces phrases, distillées par une culture de la résignation, servent la meilleure défense des municipalités : l’inaction des victimes.
Ce que l’on omet de vous dire, c’est que votre municipalité a une obligation légale d’entretenir ses voies publiques. Si elle y manque par négligence, elle commet une faute. Et cette faute engage sa responsabilité. Le combat pour obtenir réparation n’est pas simple. Il est semé d’embûches, de délais très courts et de fardeaux de preuve exigeants. Les municipalités le savent et comptent sur le découragement des citoyens. Mais si la véritable clé n’était pas de se plaindre de la fatalité, mais de construire un dossier d’accusation irréfutable ?
Cet article n’est pas un simple guide. C’est une feuille de route de combat. En tant qu’avocat spécialisé dans ces dossiers, je vais vous armer pour transformer votre statut de victime en celui de poursuivant. Nous allons déconstruire, étape par étape, la forteresse juridique des municipalités pour que vous puissiez réclamer et obtenir la compensation qui vous est due. Il ne s’agit pas de chance, mais de stratégie.
Cet article est structuré pour vous guider de l’accident à l’indemnisation. Chaque section est une étape cruciale de votre démarche pour tenir votre municipalité responsable. Le sommaire ci-dessous vous permettra de naviguer à travers les points essentiels de votre futur dossier.
Sommaire : Guide pour tenir votre municipalité responsable au Québec
- Chute sur un trottoir au Québec : quand la ville est-elle responsable de vos blessures ?
- Comment documenter un accident sur la voie publique pour poursuivre la ville au Québec ?
- Pourquoi vous avez seulement 15 jours pour aviser la ville de votre accident au Québec ?
- Comment prouver que votre ville a négligé l’entretien de la voie publique au Québec ?
- Combien pouvez-vous réclamer à la ville après un accident au Québec ?
- Comment calculer le montant de votre réclamation pour dommages corporels au Québec ?
- Permis de construire refusé au Québec : comment contester la décision municipale ?
- Comment obtenir une indemnisation après un préjudice sans lien contractuel au Québec ?
Chute sur un trottoir au Québec : quand la ville est-elle responsable de vos blessures ?
La première bataille est conceptuelle : il faut comprendre que la responsabilité d’une ville n’est pas automatique. Le simple fait de tomber sur un trottoir municipal ne suffit pas. Les tribunaux québécois ne demandent pas la perfection. Ils imposent aux municipalités une obligation de moyens, et non une obligation de résultat. Cela signifie que la ville n’a pas à garantir des trottoirs parfaits 24/7, mais elle doit prouver qu’elle a pris des mesures raisonnables et diligentes pour assurer la sécurité des usagers, compte tenu des circonstances. La question n’est pas “le trottoir était-il glissant ?”, mais plutôt “la ville a-t-elle été négligente dans sa gestion de cette situation ?”.
Cette distinction est fondamentale. Pour engager la responsabilité de la municipalité, vous devrez prouver qu’elle a commis une faute. Cette faute peut prendre plusieurs formes : un défaut d’inspection, une réparation inadéquate, un délai d’intervention déraisonnable après une tempête de verglas, ou une signalisation absente pour un danger connu. Le contexte est primordial. Les tribunaux tiendront compte des conditions climatiques, de l’heure de l’accident et de la connaissance que vous aviez des lieux. Tomber devant sa propre résidence sur une plaque de glace formée récemment sera plus difficile à plaider que chuter dans un nid-de-poule connu de la ville depuis des mois et non réparé.
La hausse des drames impliquant des piétons devrait pourtant inciter les villes à plus de prudence. La SAAQ a d’ailleurs rapporté que le Québec a vu 80 piétons tués en 2024, ce qui représente une augmentation de près de 25% par rapport à la moyenne des années précédentes. Ce bilan alarmant met en lumière la vulnérabilité des piétons et la nécessité pour les municipalités d’agir avec une diligence accrue. Votre cas individuel s’inscrit dans cette problématique collective de sécurité publique.
Comment documenter un accident sur la voie publique pour poursuivre la ville au Québec ?
Immédiatement après la chute, si votre état le permet, vous devez changer de mentalité. Vous n’êtes plus seulement une victime, vous devenez l’enquêteur principal de votre propre dossier. Chaque élément que vous collectez dans les minutes et les heures qui suivent est une pièce à conviction qui pourra s’avérer décisive. Votre objectif est de construire un dossier de preuve irréfutable qui ne laissera aucune place au doute quant aux circonstances de l’accident et à l’état des lieux.
Le téléphone que vous avez en poche est votre meilleur outil. Photographiez et filmez la scène sous tous les angles. Ne vous contentez pas d’une seule photo du danger. Documentez l’environnement : le défaut (fissure, glace, trou), des plans larges montrant l’absence de signalisation, et des points de repère (nom de rue, numéro civique, commerce voisin) pour géolocaliser précisément l’endroit. Si possible, utilisez un objet (une pièce de monnaie, votre clé) pour donner une idée de l’échelle du défaut. Ces images sont la preuve la plus objective de l’état du trottoir au moment de votre chute.

Ensuite, notez tout, immédiatement : la date et l’heure exactes, les conditions météo (pleuvait-il ? la visibilité était-elle faible ?), ce que vous faisiez juste avant de tomber. Si des témoins ont assisté à la scène, demandez-leur leurs coordonnées. Un témoignage neutre corroborant votre version des faits a un poids considérable. Enfin, consultez un médecin dès que possible, même si la blessure semble mineure. Un rapport médical est la preuve incontestable du lien entre la chute et vos dommages corporels. N’attendez pas, car la ville pourrait prétendre que vos blessures sont survenues après l’accident.
Pourquoi vous avez seulement 15 jours pour aviser la ville de votre accident au Québec ?
Voici le premier et le plus redoutable piège procédural tendu par la loi aux victimes : le délai d’avis. Si vous subissez des dommages matériels (vêtements, téléphone) ou corporels, la Loi sur les cités et villes vous impose d’envoyer un avis écrit au greffier de la municipalité dans les 15 jours suivant l’événement. Attention, il ne s’agit pas d’intenter une poursuite, mais simplement de notifier la ville de votre intention de le faire. Si vous manquez ce délai, vous perdez, dans la grande majorité des cas, votre droit de réclamer quoi que ce soit pour les dommages matériels. Pour les dommages corporels, le délai de prescription est de trois ans, mais l’avis dans les 15 jours reste une pratique essentielle pour solidifier votre dossier et démontrer votre sérieux.
Pourquoi un délai si court ? Officiellement, c’est pour permettre à la municipalité d’enquêter rapidement sur les lieux de l’accident et de constater l’état du trottoir avant qu’il ne soit modifié. Officieusement, c’est une barrière efficace pour filtrer un grand nombre de réclamations. Beaucoup de victimes, sous le choc et occupées par leurs soins médicaux, ignorent cette règle et voient leur recours s’éteindre avant même d’avoir commencé. Il existe des nuances : selon des dispositions légales québécoises en vigueur, ce délai est de 15 jours pour les villes régies par la Loi sur les cités et villes, mais peut être de 60 jours pour les municipalités rurales sous le Code municipal. Dans le doute, agissez en 15 jours.
Il existe une exception cruciale : l’article 585 de la loi prévoit que si vous pouvez prouver qu’un motif raisonnable vous a empêché d’envoyer l’avis à temps (par exemple, une hospitalisation ou une incapacité grave), un juge peut vous relever de ce défaut. Cependant, ne comptez pas sur cette exception. Agissez vite. Cet avis, envoyé par courrier recommandé pour avoir une preuve de réception, doit contenir les informations essentielles : votre nom, la date, l’heure et le lieu précis de l’accident, une description des faits et la nature de vos blessures et dommages. C’est le coup de feu qui démarre officiellement le combat.
Plan d’action : votre avis de réclamation en 5 points infaillibles
- Identification précise : Indiquez vos nom et coordonnées complètes, ainsi que la date et l’heure exactes de l’accident.
- Localisation chirurgicale : Donnez l’adresse civique la plus proche, l’intersection ou tout repère visuel permettant une identification sans équivoque du lieu de la chute.
- Description factuelle : Décrivez sobrement les circonstances de l’accident et l’état précis du trottoir (ex: “plaque de glace non sablée de 2 mètres de long”, “fissure de 5 cm de profondeur”).
- Préjudices subis : Listez la nature de vos blessures (même si le diagnostic n’est pas final) et les dommages matériels (vêtements déchirés, lunettes brisées, etc.).
- Envoi par courrier recommandé : Postez votre lettre au “Greffe de la Ville de [Nom de la ville]” par courrier recommandé pour obtenir une preuve de réception datée, qui sera votre meilleure défense contre toute contestation du délai.
Comment prouver que votre ville a négligé l’entretien de la voie publique au Québec ?
Votre dossier de preuves est monté, l’avis est envoyé. Le cœur de la bataille commence : prouver la négligence caractérisée de la municipalité. C’est ici que votre avocat et, potentiellement, des experts, entrent en jeu pour démanteler la défense de la ville. Il ne suffit plus de montrer le danger, il faut démontrer que la ville le connaissait ou aurait dû le connaître, et qu’elle n’a pas agi de manière raisonnable et diligente pour y remédier.
Plusieurs stratégies peuvent être employées. D’abord, l’historique du lieu : des plaintes antérieures de citoyens concernant ce même nid-de-poule ? Des rapports internes de la ville signalant la dangerosité du secteur ? Votre avocat peut, via des demandes d’accès à l’information, tenter de mettre la main sur ces documents accablants. Ensuite, l’analyse des politiques d’entretien de la ville : son plan de déneigement est-il adéquat ? Les inspections des infrastructures sont-elles régulières ?

Parfois, la preuve de la négligence est budgétaire. Dans une cause récente, il a été mis en lumière par les documents déposés en preuve au tribunal que la ville de Montmagny disposait d’un budget de 35 000 $ pour entretenir 27 km de trottoirs, ce qui ne lui a permis d’en réparer que 233 mètres en un an. De tels chiffres démontrent une incapacité systémique à maintenir un réseau sécuritaire, ce qui constitue une faute. Enfin, la preuve peut être technique. Un ingénieur expert peut analyser l’état du trottoir et conclure que sa dégradation n’est pas récente, mais le fruit d’un manque d’entretien sur le long terme. C’est une expertise coûteuse, mais souvent décisive dans les cas importants.
La ville tentera de se défendre en invoquant votre propre faute : portiez-vous des chaussures adaptées ? Étiez-vous distrait par votre téléphone ? Soyez prêt à contrer ces arguments en démontrant que le danger était tel qu’un piéton normalement attentif n’aurait pu l’éviter.
Combien pouvez-vous réclamer à la ville après un accident au Québec ?
Une fois la responsabilité de la ville engagée, la question se déplace sur le montant de l’indemnisation. Ce montant n’est pas arbitraire; il vise à réparer l’ensemble des préjudices que vous avez subis. Ces préjudices se divisent en deux grandes catégories : les pertes pécuniaires (quantifiables financièrement) et les pertes non pécuniaires (douleur, souffrance, perte de jouissance de la vie). Le montant total de votre réclamation déterminera le tribunal compétent pour entendre votre cause, une décision stratégique cruciale.
Le tableau ci-dessous, basé sur une analyse comparative récente, résume les options qui s’offrent à vous :
| Montant de la réclamation | Tribunal compétent | Caractéristiques |
|---|---|---|
| 15 000 $ et moins | Cour du Québec – Division des petites créances | Plus rapide, moins cher, pas d’avocat requis (mais conseillé pour préparer le dossier) |
| 15 001 $ à 84 999 $ | Cour du Québec – Chambre civile | Procédure formelle, avocat recommandé |
| 85 000 $ et plus | Cour supérieure | Cas complexes, avocat essentiel |
Un facteur complexe vient souvent brouiller les cartes : la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Si la ville argumente que votre chute est un “accident d’automobile” au sens large de la loi (par exemple, si vous avez chuté en sortant de votre véhicule ou en glissant sur une substance provenant d’un véhicule), elle tentera de transférer le dossier à la SAAQ. C’est une manœuvre stratégique, car les indemnités de la SAAQ sont souvent bien moins généreuses que celles accordées par les tribunaux civils. Une décision marquante dans l’affaire Sherman en 2024 a clarifié que même une chute sur un trottoir glacé pouvait, dans certaines circonstances, être considérée comme un accident automobile. Cette qualification est un enjeu majeur, car une victime pourrait obtenir une indemnisation dix fois supérieure en poursuivant la ville au civil plutôt qu’en acceptant le chèque de la SAAQ.
Comment calculer le montant de votre réclamation pour dommages corporels au Québec ?
Le calcul du montant de votre réclamation est un exercice méticuleux qui doit couvrir tous les aspects de votre préjudice, passés et futurs. Votre avocat vous aidera à ne rien oublier, car une fois le jugement rendu ou l’entente signée, il sera trop tard pour revenir en arrière. On distingue principalement deux types de dommages indemnisables.
D’abord, les pertes pécuniaires. Ce sont les pertes directement quantifiables :
- Pertes de revenus : Salaires perdus pendant votre convalescence, mais aussi la perte de capacité de gains futurs si votre blessure vous handicape de façon permanente.
- Frais médicaux et paramédicaux : Tous les coûts non couverts par la RAMQ, comme la physiothérapie, l’ergothérapie, les médicaments, les consultations spécialisées, etc.
- Frais divers : Aide à domicile, frais de déplacement pour les rendez-vous médicaux, adaptations nécessaires à votre logement ou véhicule.
Ensuite, viennent les pertes non pécuniaires, plus difficiles à chiffrer mais tout aussi importantes. Elles compensent l’impact de l’accident sur votre qualité de vie :
- Douleurs et souffrances : L’indemnité pour l’inconfort physique et moral enduré.
- Perte de jouissance de la vie : L’incapacité de pratiquer des sports, des loisirs ou des activités que vous aimiez avant l’accident.
- Préjudice esthétique : Compensation pour des cicatrices ou des déformations visibles.
- Déficit anatomo-physiologique : L’atteinte permanente à votre intégrité physique, évaluée par un expert médical.
Il est important de noter que si vous êtes admissible, vous pourriez aussi recevoir une rente d’invalidité de Retraite Québec, mais cela ne vous empêche pas de poursuivre la ville en responsabilité civile pour obtenir une réparation complète. Le délai général pour intenter une poursuite en dommages corporels est de trois ans à compter du jour de l’accident, mais n’oubliez jamais le piège de l’avis de 15 jours qui conditionne votre droit d’action.
À retenir
- La responsabilité de la ville n’est pas automatique : vous devez prouver une faute ou une négligence de sa part (obligation de moyens).
- Le délai de 15 jours pour envoyer un avis écrit est un piège procédural fatal. Agissez vite et par courrier recommandé.
- Construisez un dossier de preuve solide dès les premières minutes : photos, témoins, rapport médical. C’est la base de votre poursuite.
Permis de construire refusé au Québec : comment contester la décision municipale ?
Ce titre, bien que spécifique, illustre un principe plus large qui est au cœur de votre démarche : comment contester une décision d’une municipalité qui vous est défavorable ? Que ce soit un refus de permis ou, dans votre cas, le refus implicite ou explicite d’admettre sa responsabilité après votre chute, vous vous heurtez au même mur : la présomption de validité des décisions municipales. En droit québécois, une municipalité est présumée agir légalement et dans l’intérêt public. Renverser cette présomption est le défi central de votre poursuite.
La municipalité a de larges pouvoirs pour gérer son territoire, y compris l’entretien de ses infrastructures. Elle se défendra en disant qu’elle a agi selon ses politiques et ses contraintes budgétaires. Contester sa “décision” de ne pas avoir entretenu le trottoir où vous êtes tombé revient à plaider que cette gestion était déraisonnable, illégale ou abusive. Vous ne contestez pas seulement un fait (le trottoir était dangereux), mais un système de gestion que vous jugez fautif.
Pour ce faire, la loi vous offre plusieurs forums, dépendant de la nature et du montant de votre réclamation. Pour un citoyen cherchant une indemnisation, les principaux recours sont judiciaires :
- La Division des petites créances : Pour les réclamations de 15 000 $ et moins, c’est une voie rapide et moins formelle.
- La Cour du Québec (Chambre civile) : Pour les réclamations entre 15 001 $ et 84 999 $, c’est une procédure plus formelle où l’avocat devient quasi indispensable.
- La Cour supérieure : Pour les cas les plus graves dépassant 85 000 $, où les enjeux justifient une procédure complexe et des expertises approfondies.
Chacun de ces tribunaux a le pouvoir de réviser les actions (ou inactions) de la municipalité et de conclure qu’elle a commis une faute engageant sa responsabilité. Votre choix du forum est donc une décision stratégique, la première étape pour officiellement contester la position de la ville et la forcer à rendre des comptes.
Comment obtenir une indemnisation après un préjudice sans lien contractuel au Québec ?
Au fond, votre démarche contre la ville repose sur un des piliers du droit civil québécois : la responsabilité extracontractuelle. L’article 1457 du Code civil du Québec est clair : toute personne a le devoir de ne pas causer de préjudice à autrui. Si elle manque à ce devoir et qu’elle est douée de raison, elle est responsable du dommage causé par sa faute et est tenue de le réparer. C’est le fondement de votre droit à une indemnisation.
Pour gagner votre cause, vous devez prouver trois éléments essentiels, le fameux triptyque de la responsabilité civile :
- La faute : Vous devez démontrer que la municipalité a commis une faute, c’est-à-dire qu’elle n’a pas agi comme une administration normalement prudente et diligente l’aurait fait dans les mêmes circonstances. C’est la preuve de sa négligence dans l’entretien du trottoir.
- Le dommage : Vous devez prouver que vous avez subi un préjudice réel, qu’il soit corporel (blessures), matériel (biens endommagés) ou moral (douleurs et souffrances).
- Le lien de causalité : Vous devez établir un lien direct et certain entre la faute de la ville et le dommage que vous avez subi. C’est la faute de la ville (le trottoir dangereux) qui a causé votre chute, et c’est cette chute qui a causé vos blessures.
C’est en articulant solidement ces trois éléments que vous pourrez obtenir justice. Cependant, il faut garder en tête une vérité que les avocats de la ville ne manqueront pas de vous rappeler, et qui est au cœur de ces litiges. Comme le résume un guide sur le sujet :
La municipalité n’est pas l’assureur des utilisateurs du trottoir. L’indemnisation automatique ne doit donc pas être la règle, une faute doit être prouvée.
– Assistance Créances, Guide sur les blessures suite à une chute au Québec
Cette phrase résume tout l’enjeu. Votre rôle, armé des bonnes informations et d’une stratégie solide, est de passer du statut de simple usager malchanceux à celui de créancier dont le préjudice a été causé par une faute prouvée. Le droit est de votre côté, à condition de savoir l’invoquer avec force et méthode. Attention, le délai de prescription pour poursuivre une municipalité pour des dommages matériels est souvent réduit à 6 mois, au lieu des 3 ans habituels en droit civil. Ne tardez jamais.
Votre accident n’est pas une fatalité. C’est potentiellement la conséquence d’une négligence qui engage la responsabilité de votre ville. Le chemin vers l’indemnisation est exigeant, mais il n’est pas inaccessible. En agissant rapidement, en documentant tout et en vous faisant accompagner par un conseiller juridique compétent, vous mettez toutes les chances de votre côté. Ne laissez pas les délais et la complexité administrative vous décourager. Faites valoir vos droits.